Christian Penda Ekoka : l’épopée d’une bibliothèque politique et économique

C’est une semaine noire que débute la classe politique au Cameroun. Christian PENDA EKOKA, n’est plus. La bibliothèque politique et brillant économiste s’est éteint à Toronto au Canada, ce 08 août 2021, à l’âge de 69 ans.

Dans un communiqué à l’intention de la communauté nationale et internationale, signé du Mouvement AGIR-ACT, on peut lire l’annonce de sa mort : « Le Mouvement AGIR-ACT a le profond regret d’annoncer à la communauté nationale et internationale le décès survenu ce dimanche 8 août 2021 de Christian PENDA EKOKA, Président et Fondateur du mouvement. Il a rendu l’âme à 21h45 (heure du Cameroun) dans la ville de Toronto au Canada où il était admis au Princess Margaret Cancer Center pour des soins. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille si durement éprouvée. Nous vous remercions de l’avoir accompagné dans ses dernières heures dans vos pensées et dans vos mots ».

Né le 21 mars 1952 à Douala, Christian PENDA EKOKA était un économiste de formation. Après le baccalauréat C qu’il passe brillamment au Collège Liberman de Douala, il est sélectionné en 1971 par l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI), afin de poursuivre des études d’ingénieur au Canada.

Rentré au Cameroun en 1978, l’homme commence une carrière d’ingénieur aux Chemins de fer, puis rejoint la Société Nationale d’Investissement (SNI) où pendant une quinzaine d’années, il est investment officer et Directeur des Études et Projets. À ce titre, il initie et coordonne la réalisation de projets dans différents domaines industriels, agro-industriels et de service, parmi lesquels le Chantier naval et industriel du Cameroun, des complexes agro-sucriers, une conserverie alimentaire, complexes avicoles, une entreprise de pêche industrielle, le complexe hôtelier Hilton Yaoundé, etc.

En 1991, il quitte la SNI pour créer une société de consulting International Business Development Service (Insight BDS), spécialisée dans le conseil en investissement, les politiques et stratégies industrielles, et dans le développement des projets de partenariat public privé.

Christian PENDA EKOKA était également un haut fonctionnaire camerounais, et ancien conseiller du président de la république Paul Biya de 2010 à 2018. 

Marié et père de 03 enfants, il a brillamment effectué des missions dans plus de vingt-cinq pays d’Afrique et des Caraïbes pour le compte des organisations internationales, parmi lesquelles le groupe de la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), le PNUD. Il a également effectué des missions d’études dans une quarantaine de pays d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique.

Ancien membre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), qu’il a rejoint en 1996, il a refusé de signer la pétition des dignitaires du Littoral pour un 7e mandat de Paul Biya à la tête du Cameroun. Il prône des réformes en profondeur. En 2018, celui-ci lance alors le mouvement AGIR-ACT dont la devise est « Prenons notre destin en main ».

AGIR-ACT est un mouvement de la société civile dont la finalité est de permettre à ses membres de réaliser pleinement leurs capacités créatrices.

En 2018, contre toute attente, il décide de soutenir la candidature de l’opposant Maurice  KAMTO lors de la présidentielle de la même année.

À ce moment-là, Christian PENDA EKOKA devient un allié redoutable du Professeur Maurice  KAMTO, contre un régime vieux qu’ils qualifient de dictateur.

Conseils, stratégies, actions, Christian PENDA EKOKA aura su avec ruse, mener le train de la renaissance au niveau où il est aujourd’hui.

Dans une sortie du MRC rendue publique ce jour, le Professeur Maurice  KAMTO a d’ailleurs tenu à lui rendre un vibrant hommage : « La disparition de Christian PENDA EKOKA en ce moment précis est un coup dur porté à la lutte de libération de notre peuple et à la Résistance Nationale qu’il a activement contribué à construire, au prix de lourds sacrifices. Je pense notamment aux neuf mois de détention passés ensemble dans les geôles du régime de Yaoundé, à la suite des Marches Blanches, pacifiques, du 26 janvier 2019, organisées pour protester contre le hold-up électoral de 2018, la guerre fratricide qui ravage les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, et la prévarication des ressources dédiées à l’organisation de la CAN 2019 par notre pays. Dans l’adversité absurde créée et entretenue par le régime en place au Cameroun, Monsieur Christian PENDA EKOKA a conduit avec succès l’opération humanitaire inédite, Survie-Cameroon Survival Initiative (SCSI), qui s’est déployée sur toute l’étendue du territoire national pour porter secours aux populations camerounaises abandonnées à elles-mêmes face à la pandémie de la Covid-19 (…) je m’incline devant la mémoire de ce patriote humaniste, brillant économiste, qui aura cheminé avec moi dans le combat pour la renaissance du Cameroun et l’avènement d’une Nation forte, d’une société fraternelle où, aimait-il à répéter, ‘’La naissance n’est pas un destin’’ ».

Rappelons qu’après la présidentielle, le 28 janvier 2019, Ekoka est arrêté à Douala avec Maurice  KAMTO et Albert Dzongang, au domicile de ce dernier sans titre, à l’issue des marches pacifiques organisées à travers le pays le 26 janvier 2019 par le MRC, en vue de contester le résultat de l’élection présidentielle d’octobre 2018 (donnant la victoire à Paul Biya au détriment du vainqueur Maurice  KAMTO), de revendiquer des enquêtes appropriées concernant les détournements massifs des fonds publics dans le cadre de la préparation de la CAN 2019, retirée au Cameroun, de plaider pour l’organisation d’un dialogue politique inclusif pour la résolution de la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et, enfin, de prévenir toute passation de pouvoir de gré à gré à la tête du Cameroun. Ils seront détenus pendant neuf mois dans la prison principale de Kondengui, et libérés sans charges en octobre 2019.

Pour l’homme politique, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, la mort de son ami et frère, est plus que jamais l’occasion de redoubler d’efforts pour sortir le Cameroun de l’obscurantisme : « Le meilleur hommage que nous puissions rendre à Monsieur Christian PENDA EKOKA est sans doute de poursuivre sans relâche cette œuvre commune. Car, comme je l’ai toujours dit, nous ne devons pas léguer aux générations futures les combats de notre temps. » ; indique le communiqué.

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