Manifestations de Genève : qui déshonore le Cameroun ? La Diaspora ou Paul Biya ?
Après les événements du 17 juillet dernier à Genève orchestrés par la Diaspora Résistante, visant à chasser Paul Biya de l’hôtel Intercontinental où il logerait jusqu’à date, il paraît urgent de s’interroger. Qui déshonore le Cameroun ? La Diaspora Résistante ou Paul Biya ? Devrait-on entrer dans une véritable investigation devant nous conduire à savoir quelle est réellement la valeur de la Diaspora camerounaise à l’endroit de sa patrie ? Devrait-on la jeter en pâture aux chiens errants ?
Il semble désormais urgent de faire l’autopsie de la valeur qu’a chacune des entités pour le Cameroun. Ce sont les citoyens qui font la force d’une nation et celle-ci dicte indubitablement la démarche des hommes. De plus en plus, le Cameroun est à la merci du monde en général et en Afrique en particulier. Comme certains diraient : « est-ce que le Cameroun est le seul pays au monde ? » L’on est loin de sortir de l’auberge. Tout le monde fait ce qu’il veut, comme il veut et où il veut sans s’inquiéter de comment leurs actes seront perçus. Bref, les Bantous ne disent que le poisson pourri par la tête.
Les événements de Genève viennent une fois de plus extérioriser le malaise camerounais ou le mal-être de ses fils et filles. Les enfants de la maison que nous appellerons les Activistes ont décidé d’aller chez le voisin exposer leurs problèmes internes. Mais la question que l’on est en droit de se poser ici, est celle de savoir pourquoi ont-ils résolument choisi cette voie, celle de mettre au vu et au su de tous ce linge qui, il y a quelque temps n’était pas aussi sale qu’il l’est aujourd’hui ?
Est-ce parce que « papa », le chef de l’État Paul Biya est occupé à traiter des dossiers plus importants en lieu et place des cris de détresse de ses enfants de la Diaspora ? Serait-ce tout de même à dire que la manière avec laquelle ces mêmes enfants attirent l’attention de papa n’est pas indiquée ou encore bien la meilleure ?
Nous devons le dire sans ambages, la Diaspora camerounaise est d’une importance sans pareille. Elle impacte considérablement sur le tissu économique du pays. Le nombre de Camerounais vivant à l’étranger va croissant, ce qui fait qu’ils représentent une force indéniable sur le plan économique. Et cela se manifeste par le dynamisme dont ils font preuve pour venir en aide aux populations locales et pour mettre sur pied des projets économiques importants tels que des soutiens scolaires pour l’entrée à l’université ou la sortie du pays pour raison académique.
Selon les statistiques réalisées en 2015 par la structure internationale britannique World Remit, le montant cumulé des transferts d’argent de la Diaspora camerounaise s’est élevé à 1,2 milliards de dollars américains ce qui correspond à 585 milliards de FCFA ; un chiffre qui représente 60 % de la somme nécessaire pour implémenter un plan d’urgence triennal par le gouvernement du Cameroun.
N’ont-ils pas le droit de revendiquer les meilleures conditions de vie ? Ne doivent-ils pas réclamer le retour de la paix dans les deux régions anglophones du Cameroun ? Un conflit séparatiste qui fait couler du sang depuis 5 ans. Il n’y a désormais plus de journées sans pleurs en zone anglophone. Les hommes en tenue et les civils en font les frais.
Si tant il est vrai que tout citoyen a le droit d’exprimer son opinion, alors pourquoi ne pas donner cette largesse à cette Diaspora qui est exaspérée du fait qu’elle ne soit utile que lorsqu’elle doit débourser de l’argent pour le pays, mais perd sa nationalité lorsqu’il s’agit de candidater à un poste électif, d’où le problème de double nationalité. A les entendre à longueur de journée, cette Diaspora déplore la stagnation au pouvoir depuis au moins 39 ans du Président Paul Biya.
Doit-on parler aussi du système ou du code électoral à réviser qui découle de la présidentielle de 2018 ? Du départ de Paul Biya pour incompétence ? Cette Diaspora demande des comptes quant au chantier de la CAN, dont 3 000 milliards de FCFA ont été engloutis, mais au final l’on a assisté à un glissement de date. La Diaspora demande des comptes sur les 180 milliards destinés à lutter contre la pandémie de la Covid-19. La Diaspora déplore l’arbitraire et l’indifférence de la justice. La Diaspora dénonce la promotion du tribalisme et de l’impunité face à la corruption et les détournements de fonds à répétition au sein de l’appareil étatique.
U4C, because Justice matters !